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Le paradoxe turc : épisode 1

«PAIX DANS LE PAYS, PAIX DANS LE MONDE»


Cette phrase c’est la devise nationale de la Turquie! Je devine votre surprise. Comment interpréter cette maxime? Quand le pays on le sait tous, est en proie aux arrestations arbitraires de milliers de personnes de la vie civile et publique.


Un peu d’histoire…


L’histoire du pays est entachée de plusieurs génocides dont le plus tristement connu fut celui de arméniens (1894-1896 et 1915-1916), le premier du XXè siècle.

La Turquie est un grand territoire, certes seulement 3% de sa surface se trouve en Europe (encore un paradoxe), et le peuple turque est une mosaïque d’ethnies, chacune contribuant à sa richesse culturelle. Il suffit d’évoquer les sites mondialement connus que sont la mosquée bleue, l’église Sainte Sophie, ou encore la ville d’Istanbul qui représente la sixième destination touristique mondiale, pour en être persuadé.


La Turquie c’est aussi le pays qui accorda le droit de vote et d’éligibilité aux femmes dès 1930 bien avant la France qui l’autorisa en 1944 (toujours ce paradoxe !). La population s’élève à 79 414 269 millions d’habitants auxquels s’ajoute désormais 1 900 000 million réfugiés syriens. Le taux de chômage représente 11.3 % de la population active autant dire que les conditions économiques ne sont pas très bonnes.

La population est à 75% citadine et la religion principale est l’islam dont le courant sunnite est majoritaire d’où son soutien grandissant au régime de l’Arabie Saoudite.

Comment croire que ce pays fut officiellement candidat à son entrée dans l’Union européenne en 1963 ? L’Europe aurait-elle trop attendu ? La Turquie serait-elle dans cette situation politique si elle avait intégré le système européen depuis de nombreuses années ? On ne le saura jamais !


L’ère Erdogan…


Erdogan a été élu en 2014 le 12è président de la république, au suffrage universel et donc de manière tout à fait légitime mais face aux dérives totalitaires de son régime que va faire la jeunesse turque ? Il semble pour le moment que sur le plan intérieur la société civile soit incapable de réagir.

Et pourquoi les dirigeants politiques des grandes puissances sont-ils muets ou presque face à l’épuration des intellectuels qui a débuté après le coup d’état manqué de l’armée en juillet 2016 ?

On a peut-être une explication, la Turquie est membre de l’OTAN depuis 1952 et elle représente la deuxième armée en effectifs de cette organisation après l’armée américaine, autant dire que cela pèse lourd et ça influence directement la position des pays membres. Et l’inquiétude est montée d’un cran après les déclarations du 45è Président des Etats Unis (Trump) qui envisage un retrait de son pays ; à cela s’ajoute le fait que la Turquie est en position dominante face à l’Europe compte tenu des réfugiés qu’elle s’est engagée à maintenir dans son pays. Imaginez si elle laissait partir tous les réfugiés vers l’Europe, que se passerait-il ? Les démocraties européennes, une fois de plus, ne seraient probablement pas à la hauteur de cet enjeu !


Je dois rappeler que l’armée turque a déjà par le passé pris le pouvoir en usant du coup d’état dans le but de préserver les valeurs fondamentales du pays. (khémal) L’armée avait-elle pressenti et voulait-elle éviter la dérive totalitaire du régime de Erdogan ? En 1980 le coup d’état militaire avait entrainé l’arrestation de 250 000 personnes, en 2016 on en est pour le moment à environ 135 000 arrestations.

C’est après la seconde guerre mondiale qu’on assistera au retour graduel et de manière légale des forces religieuses dans l’espace public.


Dès 2009, le Premier Ministre Erdogan a entamé une politique plus favorable à l’Islam avec par exemple l’autorisation de porter le voile dans l’administration, la restriction de la consommation d’alcool et la fin de la mixité à l’école. Savez-vous qu’il existe en Turquie un ministère des affaires religieuses, le Diyanet, il dispose de plus de 100 000 fonctionnaires et d’un budget conséquent. En 2016 Erdogan a fait voter la levée de l’immunité parlementaire, autant dire qu’il a bien préparé le terrain.

La liberté de l’audiovisuel remonte à 1993 mais en 2016 il n’en reste pas grand-chose, à ce jour 15 chaines de télé sont interdites et plus de 100 journalistes accusés d’espionnage, arrêtés et placés en détention.


Le monde et en particulier l’Europe semblent incapables de réagir face aux violations quotidiennes de la liberté individuelle en Turquie mais il me semble que dans une société dite moderne, l’oppression ne permettra jamais à un régime politique de durer.

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