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Ukraine, entre Europe et Russie : épisode 3

Dans l’épisode 2 de cette série, j’ai tenté de vous expliquer pourquoi la Crimée fût le cœur du conflit entre le gouvernement ukrainien et les pro-russes, en 2014. Mais le conflit n’a pas été contenu à la péninsule : la voie de l’autonomie en Crimée a servi d’exemple à plusieurs villes de l’Est de l’Ukraine. L’intégrité territoriale de l’Ukraine étant de plus en plus menacée, plusieurs tentatives de négociations ont été initiées, menant aux Accords de Minsk.


L’Ukraine divisée


Donetsk, Sloviansk, Lougansk… plusieurs villes de la région du Donbass ont manifesté en 2014 leur volonté de rattachement à la Russie. La République populaire de Donetsk a été proclamée dès le 7 avril 2014, suivie par la République populaire de Lougansk en mai. Et alors que ces villes s’autoproclament républiques, à Kiev se tient l’élection présidentielle qui amène au pouvoir Petro Porochenko, pro-occidental. Le mois de mai 2014 illustre la division profonde qui a mené le pays à ce conflit interne. L’année 2014 fût rythmée par les combats entre l’armée ukrainienne et les séparatistes, et par les menaces mutuelles entre la Russie et l’Ukraine.


Le 17 avril 2014, l’Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne parviennent à trouver un compromis : les Accords de Genève prévoyaient notamment le désarmement des groupes armés illégaux, mais les insurgés séparatistes les refusent, et Moscou accuse Kiev de violer d’autres points de ces accords. Ce fût un échec, et dès le mois de mai, les affrontements causent la mort de nombreux civils, qui se sont retrouvés au milieu d’un conflit destructeur et meurtrier.


Du Minsk I à Minsk II : 160 jours


Le Protocole de Minsk (Minsk I) est en réalité un accord, qui avait pour but de mettre fin au conflit en Ukraine orientale, signé par l’Ukraine, la Russie, la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk.

« Minsk II » correspond à un autre accord, adopté lors d’un sommet qui réunissait l’Ukraine, la Russie, la France et l’Allemagne, et organisé par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ce sommet a été organisé en raison de l’échec du Protocole de Minsk.


Savez-vous combien de jours séparent ces deux tentatives ? 160 jours (5 mois). Ce qui prouve que la situation en Ukraine de l’Est était très instable. Aucun compromis ne semblait être envisageable et applicable. Les séparatistes revendiquaient leur autonomie et leur rattachement à la Russie. L’Ukraine revendiquait sa souveraineté sur ces régions.


Le Protocole de Minsk, signé le 5 septembre 2014, engageait les différentes parties à cesser les combats et à organiser un échange de prisonniers. L’Ukraine commençait au même moment à envisager une politique de décentralisation du pouvoir, pour accorder un statut spécial à ces républiques populaires autoproclamées. Mais le cessez-le-feu fût de courte durée.

C’est ensuite entre le 11 et le 12 février 2015 que les dirigeants russe, ukrainien, allemand et français se sont entendus et ont signé les Accords de Minsk II. Ces accords annonçaient eux aussi, un cessez-le-feu, qui devait permettre la mise en place d’une « zone tampon » entre les séparatistes et les soldats ukrainiens. Mais surtout, cet accord prévoyait le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et donc le maintien des régions séparatistes en Ukraine, sous condition d’une loi de décentralisation, elle aussi déjà prévue dans la première version de l’accord…


De gauche à droite : A. Loukachenko (Biélorussie), V. Poutine (Russie), A. Merkel (Allemagne), F. Hollande (France) et P. Porochenko (Ukraine.)

Les accords de Minsk II auront deux ans, le 11 février prochain.

Mais pouvons-nous célébrer cet « anniversaire », alors qu’aujourd’hui encore l’Ukraine est en proie aux divisions et aux hostilités ? Savons-nous ce qu’il se passe dans l’Est de l’Ukraine ? Qu’en est-il des villes de Donetsk, de Lougansk et de Sloviansk ? Qu’en est-il de la loi de décentralisation prévue par les accords ? Pourquoi un tel flou sur la situation actuelle ? L’Ukraine serait-elle oubliée par les médias, et les dirigeants européens ?


En ce début d’année 2017, l’Ukraine a décidé de porter plainte auprès de la Cour internationale de justice de l’ONU, contre la Russie qu’elle accuse de soutenir le terrorisme. Cette accusation repose sur plusieurs faits : pour Kiev, « les alliés de Moscou » sont à l’origine de la destruction de l’avion qui avait été abattu au-dessus de l’est de l’Ukraine le 17 juillet 2014. Mais ce n’est pas tout, Kiev dénonce aussi la violation de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminations raciales, par la Russie. Selon Kiev, la Russie réprime l’expression politique et culturelle du peuple Tatar.


Les relations entre l’Ukraine et la Russie sont ainsi toujours extrêmement tendues, et c’est certainement pourquoi le respect des accords de Minsk II n’est que partiel. Plusieurs trêves ont été initiées depuis 2015, mais les affrontements sur la ligne de front persistent, faisant cinq morts en décembre 2016, et 9600 depuis 2014…

Après un tel constat, que pouvons-nous espérer pour l’Ukraine, en 2017 ?

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