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Qui sont les Rohingyas ?

Ces dernières semaines, vous avez probablement lu, vu, entendu parler des Rohingyas. Ils ont fait la une de quelques journaux et leur triste sort a été évoqué dans des journaux télévisés. Alors d’un côté, tant mieux. Il faut dénoncer la persécution qu’ils subissent, il faut rétablir la vérité, il faut en parler au grand jour. D’un autre côté, c’est avec beaucoup de gravité que l’on parle des Rohingyas, et l’on préférerait qu’ils fassent la une de nos JT pour d’autres raisons.


Le mot « Rohingyas » désigne les habitants du Rohang, que l’on nomme aujourd’hui l’Arakan. C’est un état dans le sud-ouest de la Birmanie. Les Rohingyas vivent essentiellement dans la partie nord de cet état. Les Rohingyas seraient les descendants lointains des commerçants bengalis, et

ils se seraient convertis à l’Islam au cours du XVème siècle, sur les Routes de la soie. Ils parlent un dialecte du « chittagonien », une langue indo-aryenne qui est essentiellement parlée au Bangladesh. La Birmanie est un pays où plus de 90% de la population est bouddhiste, tandis que les Rohingyas sont musulmans.

Un peuple apatride

Remontons ensemble au XIXème siècle : la Birmanie devient une colonie de l’Empire britannique en 1824, non sans opposition. Une guerre a éclaté entre l’Empire britannique et la Birmanie. Les Rohingyas ont été « supplétifs » dans l’armée britannique, et les Birmans les ont immédiatement considérés comme des traîtres à la Birmanie. Depuis, les Rohingyas n’ont pas leur place en Birmanie.


En 1948, quand la Birmanie a retrouvé son indépendance, le rejet et la persécution des Rohingyas s’est renforcée, bien que leur peuple était encore reconnu comme une minorité nationale. En 1962, le dictateur Ne Win met en place une réelle politique de « birmanisation » pour rejeter toutes les minorités ethniques. En 1982, les Rohingyas sont privés de leur nationalité birmane : ils deviennent donc des apatrides. Ils sont exclus des 135 ethnies reconnues par l’Etat birman, car le peuple Rohingya est considéré comme une communauté importée par les colons britanniques.

En Birmanie, les Rohingyas sont privés de leur nationalité et de citoyenneté. Ils n’ont pas d’accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux. Ils n’ont pas de droit politique (par exemple, ils n’ont pas de droit de vote), pas de droit économique (ils n’ont pas le droit d’avoir un commerce), ni de droit social (ils n’ont pas le droit de se marier, ne sont pas reconnus). Les mariages inter-religieux sont également interdits. Enfin, il existe une loi qui vise à ralentir leur croissance démographique. Les Rohingyas sont la cible d’un nettoyage ethnique qui dure depuis des décennies, voire des siècles. Ils sont considérés comme des étrangers dans leur propre pays. Ils n’ont d’autre choix que de fuir leur pays, en direction du Bangladesh, pays voisin. Plus de 400 000 se seraient réfugié au Bangladesh depuis 2012. Depuis 2016, les violences entre les Rohingyas et l’armée birmane se sont accrues. Et depuis quelques semaines, les violences dans l’Etat d’Arakan (Rakhann, en bleu sur la carte) se cristallisent : des organisations armées se sont formées, comme l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan. Ils attaquent des postes de frontières. La répression de l’armée est elle aussi très violente. Depuis fin août, près de 500 personnes auraient été tuées, dans des combats entre militaires, civils, policiers et rebelles. Les chiffres sont à prendre avec précaution, car il est difficile d’avoir des informations fiables et vérifiées.


Une crise humanitaire

L’ONU dénonce un « crime contre l’humanité ». Mais les pressions de l’organisation internationale ne suffisent pas. Le gouvernement birman aurait refusé le cessez-le-feu annoncé par les Rohingyas. C’est maintenant le Bangladesh qui appelle la communauté internationale à réagir face à la gravité de la situation, et à l’afflux de réfugiés qui arrivent dans le pays. De nombreux camps de réfugiés se sont dressés sur la frontière entre le Bangladesh et la Birmanie. C’est une crise migratoire et humanitaire. L’ONU et les ONG n’ont pas d’accès à la population Rohingya qui se trouve en Birmanie, dans l’Arakan.


Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix et cheffe du gouvernement birman est pressée par la communauté internationale de prendre position et de venir en aide aux Rohingyas. Dans son discours du 19 septembre, la cheffe du gouvernement n’a même pas prononcé le mot « Rohingya », et assure que les violences ont pris fin. Elle a été invitée à l’ONU mais refuse de s’y rendre. Refuser l’invitation de l’ONU pourrait être considéré comme un aveu d’impuissance vis-à-vis de l’armée birmane et du gouvernement.

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