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« Macédoine » : la fin d’une querelle toponymique ?

C’est un conflit qui dure depuis plus de vingt ans maintenant, entre la Grèce et la Macédoine. En réalité, le nom officiel de la Macédoine est « Ancienne République yougoslave de Macédoine », ou ARYM. La Macédoine faisait en effet partie de l’ex-Yougoslavie, et est devenue indépendante en 1991. Mais depuis, la Grèce refusait de reconnaître le pays voisin comme tel en raison de son nom « Macédoine ».


La Grèce bloquait ainsi l’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne ainsi qu’à l’OTAN via son veto. L’ARYM a déposé une première candidature auprès de l’Union européenne en 2004, et a officiellement le statut de pays candidat depuis 2005. Mais 13 ans après, la situation n’a pas changé. D’ailleurs, l’Allemagne et la France ne reconnaissent pas non plus le nom de « Macédoine », mais seulement l’acronyme ARYM. En revanche, le Royaume-Uni, la Chine, les Etat-Unis et plus de 140 autres pays avaient eux accepté le nom « Macédoine ».


Un peu d’histoire…

Si vous avez eu la chance de découvrir la Grèce et ses différentes provinces, peut-être avez-vous remarqué qu’une de ses provinces porte le nom de Macédoine, la province la plus au nord du pays, qui a pour capitale Thessalonique. Et pour la Grèce, seule cette province peut porter ce nom. Cette querelle du nom Macédoine traduit l’influence et l’importance de l’histoire pour comprendre les enjeux contemporains.


Le nom « Macédoine » vient du grec et désigne « royaume antique ». Les Grecs se revendiquent de cet héritage macédonien antique qui s’est construit en partie sur son actuel territoire. La Grèce s’attache particulièrement à l’histoire des deux grands rois de Macédoine antique, Philippe II et son fils Alexandre le Grand. Ainsi, le pays ne pouvait pas, vraisemblablement, accepter qu’un autre pays, l’ARYM, porte le nom de Macédoine. Les Grecs manifestaient encore récemment à Athènes, contre l’usage du terme « Macédoine » pour se référer au pays voisin. C’est la confrontation de cet héritage, pourtant commun, qui a divisé les deux pays dans un conflit qui dure depuis maintenant vingt-sept ans. Cette querelle oppose des nationalismes et repose sur une fierté nationale très forte lorsqu’il s’agit de l’héritage et du patrimoine. Mais ce mardi 12 juin, une lueur d’espoir s’est répandue dans la région.


« République de Macédoine du nord »

Après plusieurs tentatives, et le changement de Premier ministre pour l’ARYM (le social-démocrate Zoran Zaev a succédé au nationaliste Nikola Gruevski), ont permis de proposer plusieurs noms. Un accord semble avoir été trouvé entre le Premier ministre macédonien, Zoran Zaev et le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. Ils ont annoncé mardi 12 juin s’être entendu sur le nom « République de Macédoine du nord ». Skopje (capitale macédonienne) a ainsi accepté de modifier sa Constitution, tandis qu’Athènes semble avoir accepté que son pays voisin conserve le nom « Macédoine » dans son nom officiel, mais assorti d’une référence géographique.


Ce changement de nom peut paraître insignifiant, tant le changement n’est pas radical, mais il pourrait enfin mettre un terme à ce conflit diplomatique. Surtout, il pourrait éclaircir les horizons de la « République de Macédoine du Nord » quant à son avenir européen. Le pays souhaite en effet obtenir le feu vert du Conseil européen qui se réunit la semaine prochaine, pour entamer réellement les négociations d’adhésion, et, par chance de calendrier peut-être, enchaîner les bonnes nouvelles en obtenant une invitation à intégrer l’Otan dès le prochain sommet de l’organisation, les 11 et 12 juillet prochain. Évidemment, ce nouveau nom ne fait pas l’unanimité dans le pays et il n’est pas encore gravé dans le marbre. Il devra être approuvé et ratifié par les parlementaires macédoniens, soumis au vote des électeurs via référendum à l’automne prochain puis enfin, être ratifié par le Parlement grec. Mais il y a là un obstacle qui pourrait entraver l’accord : le Premier ministre macédonien ne repose pas sur une majorité qualifiée au sein de son Parlement et fait face à une opposition nationaliste qui a d’ores et déjà qualifié cet accord de « capitulation ». Affaire à suivre donc…

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