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L'Italie s'aventure-t-elle vers une impasse ?

Ce dimanche 4 mars, les Italiens ont rendez-vous avec les urnes afin de renouveler leur députés et sénateurs. Ces élections font suite à l’annonce de la dissolution du Parlement italien par le Président, Sergio Mattarella, en décembre dernier.


On pourrait se dire « et alors ? ». Et alors ? Pourquoi devrions-nous nous intéresser à ces élections italiennes, donc nationales ? Tout simplement parce que d’une manière générale, chaque élection qui a lieu dans un autre pays a un impact sur le nôtre. Ce fût le cas des élections présidentielles américaines de 2016, ce fût le cas des élections fédérales allemandes de 2017, ce sera le cas des élections russes prévues pour la fin du mois de mars. Car ce sont des pays avec qui nous échangeons, nous travaillons, et il serait naïf de notre part de penser que ce qui se passe chez nos voisins ne nous concerne pas. Les élections italiennes, tout comme l’étaient les élections allemandes, sont d’autant plus cruciales que ce sont des pays avec lesquels nous constituons l’Union européenne. Les échanges, culturels, économiques, diplomatiques, sont encore plus développés. L'Italie est la deuxième puissance industrielle de la zone euro, et c'est une pièce essentielle de notre environnement économique, puisque l'Italie est notre deuxième partenaire économique.


Alors dimanche, si vous avez une pensée pour les italiens qui de l’autre côté des Alpes, vont se rendre aux urnes, peut-être vous poserez vous plusieurs questions sur ces élections et leurs enjeux. Voici quelques informations utiles pour replacer ce scrutin dans un contexte plus large.


Ces élections législatives vont ainsi mettre un terme au mandat de cinq ans des actuels parlementaires : 630 députés et 315 sénateurs.

Peut-être vous souvenez-vous qu’en décembre 2016, les italiens se sont opposés via référendum à un projet de réforme constitutionnelle qui prévoyait de faciliter la constitution d’une majorité au sein du Parlement, par un seul parti (en modifiant le système de votes). Le rejet de cette réforme avait d’ailleurs mené à la démission du Président du Conseil de l'époque, Matteo Renzi.

Ce projet de loi refusé, un autre a lui été adopté fin 2017 : cette nouvelle loi électorale favoriserait la formation de coalitions au sein du Parlement italien pour obtenir une majorité. C’est donc vraisemblablement vers une coalition de plusieurs partis que les italiens se dirigent, mais tout l’enjeu réside dans la couleur de cette coalition. A priori, il serait requis de recueillir environ 40% des suffrages pour être en mesure de former un gouvernement. Mais les derniers sondages semblent prévoir qu’aucun parti, ni même une coalition, ne pourrait rassembler les voix nécessaires…

L’Italie, ingouvernable ?


Deux scenarii semblent se dessiner, mais plus le scrutin approche, plus ils paraissent improbables.

Une coalition de « centre-droit » (les guillemets sont importants), emmenée par l’ancien président du Conseil (et très controversé…) … Silvio Berlusconi, pourrait être formée si les électeurs en décident ainsi. Quatre partis formeraient cette coalition : Forza Italia, le parti de Berlusconi, La Ligue du Nord (parti d'extrême droite anti-immigration, anti-Europe), Frères d’Italie (extrême droite) et Noi con l’Italia (libéraux/conservateurs). Un scénario peu réjouissant. Petit soulagement tout de même : Berlusconi, inéligible depuis 2013 (pour fraude fiscale), ne pourrait pas être le nouveau Président du Conseil. Il soutiendrait la nomination d’Antonio Tajani à ce poste – Antonio Tajani est actuellement président du Parlement européen – quand je vous disais que ces élections nous concernent aussi ! Elles pourraient mener à un changement de présidence du Parlement européen.


Deuxième scénario possible, la formation d’une « grande coalition », entre Forza Italia (Berlusconi) et le Parti démocrate (centre-gauche), lui mené par Matteo Renzi. Une telle coalition n’est pas sans rappeler celle renouvelée récemment en Allemagne. Mais à eux seuls, ces deux partis ne reposeront vraisemblablement pas sur une solide majorité et n’auront d’autres choix que de se tourner vers d’autres partis.


Cependant, il est fort probable que dimanche soir, ou bien lundi matin, lorsque vous chercherez les résultats du scrutin, vous constaterez la victoire du Mouvement 5 étoiles. Car oui, bien que l’Italie soit historiquement un des pays les plus europhiles, elle n’échappe pas à la montée de forces politiques ouvertement eurosceptiques, comme ce fût et c’est toujours le cas dans de très nombreux pays européens. On peut ainsi craindre la victoire du Mouvement 5 étoiles. Recourant à un discours désormais classique, ce mouvement populiste d’extrême droite manipule une rhétorique centrée sur l’immigration, la lutte contre la corruption et attire en promettant une hausse des dépenses pour l’éducation.


Il sera malgré tout impossible pour le Mouvement 5 étoiles d’obtenir une majorité à lui seul. Il envisagera alors peut-être de nouer des alliances avec d’autres partis. Si aucune coalition ne parvient à être constituée, que ce soit celle de centre droit, la grande coalition, ou une autre, le Président de la République, Sergio Mattarella, pourrait demander au parti arrivé en tête – probablement le Mouvement 5 étoiles – de former un gouvernement, minoritaire. Il n’est donc pas exclu qu’un tel parti forme le prochain gouvernement italien.


Vous l’aurez sans doute compris, il est très improbable que dès dimanche ou lundi, vous puissiez savoir une bonne fois pour toute qui gouvernera l’Italie pour les années à venir. Des négociations auront lieu dans les prochaines semaines. Il se pourrait même que l’Italie se retrouve sans gouvernement pendant un long moment. Peut-être même que d’autres élections seront convoquées si celles de ce dimanche mènent à une impasse…


Une Italie ingouvernable, instable, indécise et divisée n’augure rien de bon pour l’Union européenne… ni même pour la France.


Sans surprise, les Fake news battent leur plein


Si cet article a suscité votre curiosité et a réveillé votre intérêt pour ce qui se passe de l’autre côté des Alpes, et que vous vous livrez à davantage de recherche sur ces élections, faites attention aux fake news…


Plus une élection sans que les fake news ne prolifèrent et viennent littéralement pourrir le débat public. L’Italie n’y échappe pas ! (La Russie y échappera-t-elle dans quelques semaines ? Affaire à suivre…)


Face à la multiplication de fausses informations, la police italienne a mis en place un site internet sur lequel les citoyens peuvent signaler de potentielles fausses informations, qui sont ensuite vérifiées par les services de police puis bloquées quand nécessaire. Sans surprise, ces fake news ciblent des sujets comme l’immigration, sujet très sensible, encore plus en Italie, qui avec la Grèce, sont les deux principaux pays de l’Union européenne vers lesquels les réfugiés arrivent en Europe, depuis la Méditerranée, dans l’espoir de vivre dans de meilleures conditions.

L’Italie c’est notamment Lampedusa, mais c’est aussi Camini.

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