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Les sanctuary cities, vous connaissez ?

Dès le cinquième jour de son mandat, Trump a signé un décret pour geler les financements du gouvernement fédéral envers les « sanctuary cities ». Il n’existe pas de définition officielle, mais on fait référence à une ville, un état, une juridiction qui limite sa coopération avec le gouvernement fédéral, en matière d’immigration et de déportation. Plusieurs Etats ont voté des lois qui officialisent cette faible coopération entre la police locale et les agents fédéraux, comme le Connecticut, la Californie et l’Oregon.

Selon l’administration Trump et une grande partie des Républicains, les « sanctuary cities » abritent des criminels et en refusant de coopérer, elles instaurent un environnement dangereux pour les américains. C’est donc pour faire pression sur ces juridictions que Trump a signé ce décret, qui stopperait les financements fédéraux. En 2016, ce sont 27 milliards de dollars qui ont été perçu par ces juridictions. Cependant, les maires et représentants de villes et états considérés comme tels dénoncent un décret qui menace non seulement le bon fonctionnement de leurs juridictions, mais surtout des programmes d’éducation, de transports, des financements d’infrastructures qui bénéficient à toute la population, ce qui va au-delà des justifications données par l’administration Trump. Les maires et représentants de ces juridictions défendent leur principe d’ouverture à leurs voisins et d’aide et de protection aux populations qui craignent la déportation.



Les « sanctuary cities » ont donc pour objectif de protéger leur population, et surtout de ne pas dénoncer les personnes sans papier, ou qui sont entrées illégalement sur le territoire américain. Le fait de ne pas se soumettre aux agents fédéraux favorise la mise en place d’une relation de confiance entre les administrations locales et les communautés et minorités qui sont visées par les politiques d’immigration du gouvernement américain. C’est ce que défendent les maires de plusieurs grandes villes américaines, comme Ed Murray pour Seattle, Bill de Blasio pour New York et Rahm Emanuel pour Chicago.

Les opposants à ce décret dénoncent le non-respect de la Constitution des Etats-Unis et du 10ème Amendement. Ce dernier affirme le principe de fédéralisme et des droits des Etats. Le Gouvernement fédéral ne peut pas commander les Etats, ce qui signifie que les Etats et autres administrations locales ont tous les droits de refuser d’appliquer les politiques fédérales sur l’immigration.

Les shérifs et les policiers, qui sont parmi les premiers concernés de cette coopération effective ou non avec les agents fédéraux, sont eux aussi divisés. Certains défendent ce décret et dénoncent une criminalité de plus en plus forte dans les grandes villes américaines. Mais cette position ne fait pas l’unanimité, puisque d’autres refusent catégoriquement de coopérer et louent les avancées positives en matière de vivre-ensemble dans les « sanctuary-cities ».


Finalement, cette controverse autour du décret s’inscrit dans une question beaucoup plus large, qui est celle de l’immigration. Les opposants à la politique d’immigration de l’administration Trump craignent que ce décret ne soit en réalité qu’un moyen de déporter massivement les minorités et en premier lieu, les immigrés. Et Trump leur a rapidement donné raison en liant ce décret à la question de la sécurité. Le débat autour de ce décret prend donc un aspect plus idéologique, et pose une question bien plus générale : comment protéger les citoyens américains ? En créant la division, la peur, et en ciblant les minorités et les immigrés, ou en créant une atmosphère propice à l’intégration de chacun sans distinction ? C’est finalement une des questions qui sont au cœur de la politique générale de l’administration Trump et qui l’étaient déjà dans la campagne présidentielle qui a eu lieu aux Etats-Unis l’année dernière.

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