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Le paradoxe turc : épisode 3

Episode 3 : Pourquoi peut-on dire que la Turquie tourne définitivement le dos à l’Europe ?


Tout d’abord, des nouvelles de l’écrivaine Asli Erdogan. Elle a bénéficié d’une décision de remise en liberté provisoire sous contrôle judiciaire. Plusieurs consulats comme la France et l’Italie avaient mandaté des observateurs qui assistaient au procès, et la mobilisation des intellectuels en Turquie et en Europe a sans doute influencé la décision des juges du tribunal d’Istanbul. Après quatre mois de détention, huit des neuf intellectuels accusés de terrorisme ont donc été libérés. Pour autant, ils n’en ont pas fini avec les charges qui pèsent contre eux. « Ma raison d’être en tant qu’écrivain est de dire les choses » Ce sont les premiers mots d’Asli lors du procès.


Les chiffres qui suivent montre que la presse turque vit un véritable enfer : 3 000 journalistes ont perdu leur emploi, 800 ont été privés de leur carte de presse et 148 sont en prison. Aujourd’hui, des gens sont arrêtés pour avoir posté un tweet et prochainement, un procès va s’ouvrir contre des réalisateurs et d’autres artistes.


La Turquie noue de nouvelles alliances parfois inattendues mais elles peuvent s’expliquer.

La nouvelle relation turco-russe : Malgré l’assassinat de l’Ambassadeur russe au cours du mois de décembre en Turquie, Moscou et Ankara se sont alliées pour coordonner leurs frappes aériennes en Syrie. Ils ont même parrainé avec l’Iran un cessez-le-feu le 30 décembre dernier. Grâce à cette alliance avec la Turquie et l’Iran, la Russie entend préserver ses bases et ses zones d’influence dans la Syrie occidentale. Mais cette entente souffre déjà de quelques désaccords sur par exemple le maintien ou non de Bachar El Assad au pouvoir en Syrie. Et encore une fois, on déplore le fait que l’UE demeure la grande absente de ce vaste processus mondial.


L’alliance entre le Royaume-Uni et la Turquie : La visite de Theresa May (Premier Ministre britannique) n’est pas innocente mais n’aura que très peu de conséquences. En effet, le Royaume-Uni qui s’apprête à quitter l’Union européenne cherche à renforcer ses liens commerciaux avec la Turquie qui de son côté n’a plus beaucoup d’espoir d’y être admise un jour. Comme l’a si bien dit Boris Johnson (Ministre des affaires étrangères du Royaume Uni), l’idée est de conclure un « Méga-accord de libre-échange ». Mais tout cela ne pourra se faire que lorsque le Royaume-Uni aura quitté l’UE, c’est-à-dire, pas avant deux ans au moins. Alors toutes ces annonces sont bien peu de choses face à l’instabilité du monde qu’elle soit politique, économique ou environnementale.


Simultanément les sujets de tensions augmentent avec l’UE et l’Allemagne.

Tensions entre l’Allemagne et la Turquie : Près de 40 soldats turcs qui stationnent dans les bases de l’OTAN en Allemagne ont effectué une demande d’asile. Angela Merkel qui doit se rendre en Turquie le 2 février prochain, a longtemps tenté de ménager les turcs. Mais la tension est montée d’un cran car la Turquie menace d’annuler l’accord de réadmission de migrants, signé avec l’Union européenne et la Grèce.

Sur le plan intérieur, la Turquie doit faire face aux actes terroristes qui se multiplient.

Une nouvelle dynamique terroriste : Le 1er janvier 2017, 39 personnes ont été tuées dans la discothèque la Reina à Istanbul, attentat revendiqué par l’état islamique, qui par cet acte, punit la Turquie pour ses offensives militaires en Syrie. Cet attentat révèle des évolutions inquiétantes et une nouvelle dynamique terroriste menace de frapper de nouveau le continent européen.



Ce climat de peur de l’attentat a pour conséquence la prochaine modification de la Constitution turque.

Une société turque de plus en plus fracturée : Le 15 janvier dernier, le Parlement turc a approuvé le projet de Constitution destiné à renforcer les pouvoirs du Président. Ce dernier pourra ainsi nommer ou limoger les ministres et le poste de Premier ministre disparaîtra. Enfin, le Président pourra intervenir directement sur la justice. Le régime justifie ses modifications en soutenant qu’il faut renforcer la Turquie qui est sous la menace terroriste de l’Etat islamique et de la rébellion Kurde.


Dans le même temps, c’est l’ouverture du procès des personnes accusées d’avoir pris part au putsch en juillet dernier. Ils sont près de 300 personnes à risquer une peine de prison qui peut aller de deux ans à la prison à vie.

Jusqu’où ira le Président Erdogan ? Il semble que pour étouffer toute voix critique, il soit prêt à tourner le dos définitivement à l’Europe.

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