La condition de la femme au Maroc

Il y a quelques jours, un groupe de jeunes hommes a agressé sexuellement une jeune femme atteinte d’un handicap mental dans un bus, à Casablanca. Personne dans le bus, ni le chauffeur, ne s’est interposé. Ce type d’agression est fréquent au Maroc. Bon nombre de jeunes femmes subissent des violences dans l’indifférence et dans l’ignorance de tous. Cela se passe dans les rues, dans les écoles, voir dans le monde professionnel. On estime que deux marocaines sur trois sont victimes de violence. Et lorsque certaines femmes osent porter plainte, elles sont classées sans suite. Depuis cet été, plusieurs vidéos d’agression dans l’espace public ont été diffusées sur Internet et cela a suscité l’indignation d’une partie de la population. Le procédé peut être contesté mais cela permet aussi d’alerter et de mobiliser la population.

Le Maroc se présente comme un pays musulman ouvert et tolérant alors comment peut-il autoriser ces violences faites aux femmes ? Comment peut-t-il tolérer que les femmes subissent quotidiennement des attouchements et des insultes dans la rue ? Pourquoi la femme est-elle considérée trop souvent encore comme une proie potentielle ?

La loi au Maroc condamne le harcèlement des femmes au travail mais pas dans les espaces publics. Le Maroc préfère dissimuler ce problème et fait preuve de laxisme. J’en veux pour preuve ce projet de loi qui qualifierait de crime ce type de violence dans les lieux publics et qui est à l’étude ou en discussion depuis 2006 : plus de dix ans ! Ce projet utilise des termes imprécis et vagues ce qui fait douter de nombreuses associations de l’efficacité réelle de cette loi.

D’autres textes législatifs comme le code pénal sont truffés d’articles discriminatoires envers les femmes. C’est toujours une philosophie patriarcale et conservatrice qui règne au Maroc : la loi autorise par exemple le magistrat à marier une jeune fille mineure, ce qui est très fréquent.

C’est cette année que la loi doit être adoptée ou non, et la société marocaine se mobilise en organisant des sit-in pour faire évoluer les mentalités. La société marocaine a évolué très vite : dans les années 50, peu de femmes marchaient dans la rue seules alors qu’aujourd’hui elles sont modernes, elles travaillent et se déplacent partout. La décision que prendra le gouvernement en 2017 permettra de voir s’il parvient à contrer les mouvements salafistes qui freinent le développement de la société. N’oublions pas que la place de la femme dans une société représente un indicateur marquant du développement humain d’un pays.