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Catalogne : pourquoi se séparer de l'Espagne ?

Ce qui se passe en Espagne soulève beaucoup de questions et suscite beaucoup de tristesse.

Nous avons des difficultés à saisir ce qui anime à ce point les indépendantistes catalans. Pour tenter de comprendre, il faut remonter le temps et comme souvent, c’est dans l’histoire du pays que l’on peut trouver des réponses aux désaccords actuels.

Un peu d’histoire…

La dictature de Franco avait développé une politique anti catalane, elle avait par exemple interdit le catalan, la langue catalane, et ensuite le pays a connu des années sombres avec le terrorisme basque. Pendant la guerre d’Espagne, la Catalogne était le dernier bastion des Républicains.

Il s’est alors développé ce que les spécialistes appellent « l’identité catalane » : historiquement, la Catalogne se pense elle-même comme un peuple à part et la bourgeoisie catalane utilise pas ou peu le castillan. Cela fait plusieurs années que la Catalogne veut renégocier son autonomie, mais en 2010 le gouvernement décide d’abandonner la réforme du statut d’autonomie des régions qui devait leur permettre de repenser leurs relations avec le gouvernement central.

La crise économique de 2009 qui a frappé l’Espagne a favorisé les tensions car cela a obligé la Catalogne à demander de l’argent à l’Espagne.

En 2014, l’exécutif Catalan avait déjà organisé un référendum sur l’indépendance, « vote symbolique » qui avait déjà divisé la population, et envoyé un signal fort au gouvernement central.


Pourquoi la Catalogne déjà dotée d’une forte autonomie, veut-elle devenir indépendante ?

Les catalans considèrent qu’ils versent plus que ce qu’ils reçoivent. Cela s’explique par le fait que c’est une région très riche, en effet les 8 millions de catalans représentent 20% du PIB espagnol. De ce fait, elle attire les investissements étrangers en particulier dans l’automobile, la chimie et la pharmacie. C’est une zone industrialisée mais ce n’est pas la région la plus touristique d’Espagne.

On parle de « nationalisme des riches », ou de « l’égoïsme catalan » car il est évident qu’une région pauvre ne demande pas son indépendance.

C’est le 27 septembre 2015 que les séparatistes catalans ont remporté les élections régionales, et contrairement à d’autres pays européens, le terreau idéologique de l’indépendance catalane trouve son origine dans les mouvements politiques de gauche.


L’Assemblée Nationale Catalane (ANC) joue un rôle important et elle est une jeune et puissante organisation de la société civile qui milite en faveur de la création d’un Etat catalan. Ses statuts ont été adoptés en 2012. Elle développe l’idée de construire un pays neuf, meilleur et de manière participative par le débat citoyen. Jordi Sanchez en est le Président.


Qui est Carles Puigdemont ? Il a été élu en janvier 2016 président de la Catalogne, et doit son élection au retrait du candidat de son propre parti, Arthur Mas. Il fut journaliste et maire de la ville de Gérone. Agé de 55 ans, son engagement pour la cause catalane débute dans le parti Convergence Démocratique de Catalogne (CDC) dans les années 80 : il fût député en 2006 puis maire en 2011.

Le gouvernement catalan a depuis peu embauché de nombreux fonctionnaires pour constituer une direction du Trésor puissante et souhaite ainsi récupérer davantage de recettes fiscales.

Malgré la démission de plusieurs membres de son groupe et l’interdiction de Madrid, il décide d’organiser le référendum du 1er octobre 2017.


Après le référendum, qui a été jugé illégal par le Conseil constitutionnel espagnol, nul ne sait quand la sécession aura vraiment lieu. Le taux de participation a été de 42% des catalans et 90% des votants ont choisi le oui à l’indépendance, et les 58% qui n’ont pas voté que veulent-ils ? L’excessive brutalité de Madrid a montré que l’Etat ne voulait pas trouver un compromis et éviter cette confrontation. Surtout, l’Espagne, un état semi-fédéral avec des identités fortes, a sans doute eu de ne pas avoir pris cela au sérieux.

Alors que la région est en pleine incertitude, le Président Carles Puigdemont semble hésiter, il a attendu le dernier moment pour proclamer de manière ambiguë l’indépendance, alors que selon la loi du 6 septembre 2017, approuvée par le Parlement catalan autonome, celui-ci doit la proclamer au plus tard 48h après les résultats.


« La majorité silencieuse » s’est fait entendre en organisant sa manifestation le dimanche 8 octobre : ils étaient environ 3 millions sur 5.3 millions de catalans à ne pas soutenir la sécession. La société catalane est désormais coupée en deux : un habitant sur deux ne souhaite pas l’indépendance.


Mais a-t-on bien expliqué aux catalans les conséquences immédiates d’une telle décision ?

La sortie de l’Union européenne entraînerait la fin de l’usage de la monnaie Euro dans la région ; sachant que la Catalogne est très endettée, elle ne pourrait plus emprunter sur les marchés. Depuis quelques mois, plusieurs fonds d’investissement ont déjà arrêté tout engagement financier en Catalogne et plusieurs banques et entreprises ont récemment décidé de déplacer leurs sièges sociaux en dehors de la région. Dans le pire des cas, elle pourrait même être la proie d’investisseurs ou prêteurs sans scrupules… De nombreux spécialistes affirment que la région catalane ne pourrait pas tenir économiquement.

L’indépendance est un rêve entretenu par le gouvernement catalan qui désormais devra au plus tard le jeudi 19 octobre, communiquer sa décision de manière claire et précise comme l’a exigé le Président espagnol, Mariano Rajoy.


Nous aimons l’Espagne et sa diversité régionale, nous européens ne voulons pas choisir notre camp. 21% des étrangers vivant en Espagne résident en Catalogne. Certes le référendum est illégal car non conforme à la Constitution espagnole mais surtout il ne reflète pas la volonté de la majorité des catalans eux-mêmes.

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