Afrique du Sud, épisode 1 : récession économique et #GuptaLeaks
Le début du mois de juin a été marqué par l’entrée en récession de l’Afrique du Sud. Le pays n’avait plus connu une telle situation économique depuis 2009. Comment expliquer la récession ? En partie par de faibles performances, à la fois en ce qui concerne le secteur tertiaire, la production électrique, et la production manufacturière. Evidemment, la récession s’accompagne d’un fort taux de chômage, qui s’élève à 27,7% de la population active. L’Afrique du Sud fait face à un réel défi social et économique : alors que sa capacité à donner des emplois est de plus en plus restreinte, sa main d’œuvre ne cesse de croître.
Plusieurs économistes considèrent que pour tirer l’économie sud-africaine vers le haut, celle-ci a besoin d’investissements. Mais les investissements sont limités et se voient impactés par l’instabilité politique actuelle au sein du gouvernement sud africain. Le président, Jacob Zuma, serait être lié à plusieurs affaires de corruption, clientélisme et népotisme. Mais ce n’est pas tout.
Peut-être avez-vous entendu parler des #GuptaLeaks ?
Les #GuptaLeaks sont une série de mails dévoilés dans la presse, et qui semblent établir un lien entre le président sud africain, et les Gupta. Les Gupta sont une puissante famille d’hommes d’affaires d’origine indienne. Ils sont arrivés en Afrique du Sud dans les années 90. La puissance industrielle de cette famille repose sur plusieurs secteurs : l’informatique, l’industrie minière, l’immobilier… Il y a quelques années, la famille Gupta a même créé son propre quotidien, intitulé « The New Age ». Ils sont actuellement soupçonnés d’avoir orchestré la nomination des membres du cabinet du Président. Pour rappel, Jacob Zuma a été élu président de l’Afrique du Sud en 2009, il est issu du parti ANC (Congrès national africain). Les deux familles, Zuma et Gupta, sont régulièrement accusés de collusion. La fuite de cette série de mails dénoncerait notamment l’acquisition douteuse de marchés publics par les Gupta, grâce aux liens qu’ils entretiennent avec le président et sa famille. Ces mails mettent également en cause le ministre des Finances, Malusi Gibaba.
Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), dénonce un réel "GuptaGate" et a saisi la médiatrice de la République en mars dernier. Au sein de l’ANC, la fronde commence à se former face au président Zuma. Une fronde qui pourrait se renforcer d’ici la fin de l’année, lorsque l’ANC devra élire son nouveau leader. Jusqu’à présent, deux personnalités s’opposent pour la gouvernance du parti : Nkosazana Dlamini-Zuma, soutenue par le président Zuma, et Cyril Ramaphosa, vice-président du gouvernement sud africain. Mais avant cette échéance pour l’ANC, le Parlement devra se prononcer sur le dépôt d’une motion de défiance à l’encontre du président Zuma. Quelle que soit l’issue de ce vote, l’instabilité politique et la défiance populaire envers le gouvernement sud africain pourraient se renforcer, aggravant encore plus la récession économique dans laquelle le pays se trouve.
Comment un gouvernement accusé de corruption pourrait-il rassurer les investisseurs et favoriser la relance économique de son pays ? Affaire à suivre, en Afrique du Sud…
Photo : des manifestants dénoncent les relations entre le Président et la famille Gupta en représentant ici Atul Gupta.
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