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Afrique du Sud, épisode 2 : l'ANC se fracture

Retour en Afrique du Sud, où le Parlement a rejeté à une courte majorité une motion de défiance à l’encontre du Président Zuma. L’opposition espérait démettre Jacob Zuma de ses fonctions, alors qu’il est accusé d’être lié à plusieurs affaires de corruption. C’était la sixième tentative de motion de défiance envers le président Zuma, qui dirige le pays depuis 2009. Mardi 8 août, 177 parlementaires se sont prononcés en faveur de la motion, 198 contre, et 9 se sont abstenus.

Rappelez-vous, il y a deux mois nous vous parlions des #GuptaLeaks, ces quelques 200 000 courriels qui établissent des liens entre le président et une puissante famille d’hommes d’affaires, les Gupta. Malgré les accusations de collusion entre les Zuma et les Gupta, l’ANC, (Congrès National africain), le parti de Nelson Mandela, est parvenu à défendre son président, une fois de plus. La contestation populaire envers le président Zuma a des conséquences pour le parti qui se fracture et s’affaiblit. L’ANC doit bientôt désigner son prochain chef de file pour les élections générales de 2019. L’ANC devra choisir entre deux camps : celui des « fidèles au président », mené par Nkosazana Dlamini-Zuma ou celui des « réformistes » de Cyril Ramaphosa, actuel vice-président de l’ANC.

L’ANC, le parti de la liberté et de la démocratie

En Afrique du Sud, l’ANC est plus qu’un parti politique, c’est un symbole. Il représente la liberté, après des années d’oppression, la démocratie, la lutte anti-apartheid. Ce parti a été fondé en 1912, pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche. Il a été déclaré hors-la-loi en 1960, pendant l’apartheid. Il a été à nouveau légalisé en 1990. L’apartheid a été aboli en juin 1991. C’est en 1994, aux premières élections législatives multiraciales, au suffrage universel sans restriction, que l’ANC arrive au pouvoir, pour la première fois. Nelson Mandela est élu Président de la République sud-africaine. Depuis, l’ANC domine la vie politique.

Cependant, le Congrès National africain n’est plus seulement le parti de la liberté, il n’est plus seulement le parti de Nelson Mandela. Il est aussi le parti de Jacob Zuma dont la présidence est entachée par de nombreux scandales de corruption. Jacob Zuma est perçu comme l’artisan de la débâcle économique du pays. Sous Jacob Zuma, l’ANC se fracture et cette division interne va se cristalliser dans les prochaines semaines, compte tenu de la nomination du nouveau chef de file du parti.


Deux prétendants à la direction du parti

L’ANC va-t-il maintenir le cap et réussir à se rassembler en vue des élections générales de 2019 ? Pour l’instant, l’heure est à la division. D’un côté, Cyril Ramaphosa, actuel vice-président du parti. Ancien syndicaliste, reconverti homme d’affaire, il livre depuis plusieurs mois un véritable discours d’opposition vis-à-vis du président Zuma. Il dénonce les détournements de fonds publics.

Cyril Ramaphosa n’est pas un novice de la politique : en 1990, il négocie avec le gouvernement des nationalistes la suppression des lois d’apartheid. Il devient secrétaire général de l’ANC en 1991 et réorganise le parti. Toujours aux côtés de Nelson Mandela, il est très vite considéré comme son successeur. Mais il en a été autrement. Aujourd’hui, certains voient en lui un homme qui porte l’héritage de Nelson Mandela, le père de la « Nation Arc-en-ciel ».

Face à lui, Nkosazana Dlamini-Zuma. Elle a été présidente de la Commission de l’Union Africaine, et plusieurs fois ministre. Sa candidature à la présidence du parti est cependant entachée et controversée, en tant qu’ex-épouse du Président Zuma. On reproche à ce dernier de vouloir se protéger d’éventuelles poursuites liées aux accusations de corruption, en soutenant la candidature de Nkosazana Dlamini-Zuma.


Le parti va certainement continuer à se fracturer jusqu’à l’élection de son nouveau chef de file, en décembre prochain. Après cela, le chemin sera encore long jusqu’aux élections générales de 2019, et il n’est pas impossible que le Président Zuma soit destitué avant la fin de son mandat.

Dans un entretien pour La Croix, Ralph Mathegka, politologue sud-africain explique : « Ironiquement, je pense que le seul moyen pour que le parti survive sera pour lui de perdre les prochaines élections et de devenir une formation d’opposition. Il apprendra qu’il faut se battre pour être élu, et que cela passe par le respect de ses électeurs. C’est le seul moyen pour remettre de l’ordre dans ce mouvement. »

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