Sarah, réfugiée hier, volontaire aujourd’hui
Aujourd’hui, je voudrais vous parler de Sarah. Sarah est une jeune fille syrienne de 21 ans, qui comme de nombreux syriens, a quitté son pays, sa maison, pour fuir la guerre, à l’été 2015, en direction de l’Europe.
Sarah est partie de Syrie avec sa sœur pour aller en Turquie, où elles ont attendu pendant plusieurs jours dans un camp d’infortune, une « jungle ». Au bout de quelques jours, un passeur leur a trouvé une place sur un « bateau ». Une vingtaine de personnes se trouvait sur cette embarcation. Ils ont quitté les côtes turques, dans l’espoir d’atteindre la Grèce, à Lesbos.
Au bout de quelques heures en mer, le bateau est tombé en panne. Sarah, qui est une nageuse membre de l’équipe nationale de Syrie, n’a pas hésité longtemps avant de sauter à l’eau pour pousser le bateau en nageant jusqu’aux côtes grecques. Avec l’aide de sa sœur et de deux autres personnes, elles ont nagé en poussant l’embarcation pendant plus de trois heures. Dans une interview, Sarah raconte ce moment éprouvant, le froid, la peur, la fatigue… Grâce à leur courage, les sœurs ont finalement aperçu les côtes grecques, et ont pu rejoindre l’île de Lesbos. Ensemble, elles ont sauvé l’embarcation, elles ont sauvé les personnes qui étaient à bord, encouragées et habitées par leur espoir de vivre.
Aujourd’hui, les jeunes filles vivent avec leur famille en Allemagne, où elles ont obtenu l’asile politique. Elles y poursuivent leurs études. Ysra, la plus jeune des deux sœurs, a participé cet été aux Jeux Olympiques de Rio, en tant qu’athlète réfugiée sous la bannière olympique. (Photo : Ysra Mardini)
De son côté, Sarah s’est engagée en tant que volontaire pour l’ERCI (Emergency Response Centre International) ; elle a passé plusieurs mois en Grèce, où au sein d’une équipe de volontaires, elle secourt les embarcations qui arrivent sur les côtés grecques, elle apporte son soutien et son aide aux réfugiés qui attendent en Grèce, dans des campements.
De réfugiée, à volontaire, le parcours de Sarah est unique, et c’est une véritable leçon de vie. De par leurs rencontres et leurs voyages à travers le monde, les deux jeunes femmes veulent transmettre un message : « Nous ne fuyons pas notre pays pour votre argent et votre emploi. Nous fuyons pour continuer à vivre.»
J’aurai pu aujourd’hui vous parler de la « crise des migrants », vous donner des chiffres terribles, critiquer l’action des gouvernements européens, ou plutôt, l’inaction, j’aurai pu vous parler des terribles conditions dans lesquelles de nombreux réfugiés essayent de survivre en Grèce, pendant cette « grande vague de froid qui traverse l’Europe », (mais dont les médias montrent seulement la neige et les beaux paysages. J’aurai pu écrire cet article.)
Mais aujourd’hui, j’ai voulu partager avec vous l’histoire de Sarah, cette incroyable jeune fille dont le parcours m’a ému, et pour qui je porte beaucoup d’admiration. J’ai voulu partager avec vous cette histoire forte et remplie d’espoir, parce que Sarah et sa famille n’ont jamais cessé d’espérer, et parce qu’après avoir traversé ces années si dures auxquelles nul n’est préparé, Sarah et sa sœur ont aujourd’hui le courage de partager à travers le monde leur histoire, pour sensibiliser et pour transmettre leur message.
Sarah vous raconte son histoire : https://vimeo.com/178179271
Sur l’ERCI : http://www.ercintl.org/