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Le paradoxe turc : épisode 2

Il y a quelques semaines en Turquie s'est déroulée la Foire Internationale du Livre, du 12 au 20 novembre à Istanbul.

Aux dires des acteurs du secteur ce fut un véritable succès. Les plus grandes maisons d'éditions y étaient représentées, près de 800 éditeurs turcs et étrangers ainsi qu'une centaine d'écrivains, d'artistes, de journalistes et de politiciens y ont participé.


Un peu d'histoire...


Ce festival a débuté il y a 35 ans et il représente un grand événement dans l'industrie du livre. Il compte chaque année 500 000 visiteurs et il est organisé par l'Association Turque des éditeurs. Comme tous les salons de ce type, on y organise des centaines d'animations, des dédicaces de livres, des conférences, des récitals de poésie et cela pendant huit jours.

Cette foire a montré que paradoxalement à ce qui se passe dans les milieux intellectuels et de la presse, l'activité littéraire est en plein essor !



Cette année en 2016, l'invité d'honneur était l'Allemagne sous le thème « WORTE BEWEGEN » (« Les mots ont un impact »).

L'Allemagne justifie sa présence comme un signe de solidarité avec les auteurs, les journalistes et les éditeurs qui exercent leur métier dans des temps difficiles. Certes, c'est une manière de préserver et de défendre la liberté de la presse mais avec des œillères.


Les faits


En effet c'est oublier un peu vite qu'une femme turque écrivaine est actuellement en prison, qu'elle sera jugée le 29 décembre et qu'elle risque la prison à vie.

Son nom : ASLI ERDOGAN (Attention aucun lien de parenté avec le Président turque, vous vous en doutez!)

Son âge : 49 ans

Son métier : écrivaine, journaliste, militante pour les droits de l'homme et en particulier pour tout ce qui concerne la condition de la femme et des kurdes, voilà le mot est lâché « kurde » c'est le mot qui vous envoie directement à la case prison en Turquie !

Qu'a-t-elle fait pour risquer la prison à vie ?

Elle faisait partie d'un comité de soutien d'un journal pro kurde « Ozgür Gundem » qui lui-même a été interdit de parution. C'est comme si en France par exemple le fait de militer pour le droit aux logements (DAL) des sans-abris était passible de la prison à vie...


L'état turc a donc trouvé 3 chefs d'accusation contre cette femme, pour être sûr de l'empêcher d'écrire et de parler de ce qu'elle voit :

- propagande en faveur d'une organisation terroriste

- appartenance à une organisation terroriste

- incitation au désordre


Peut-on vraiment parler d'un essor de la culture turque lorsque les auteurs ne sont pas libres d'écrire sur l'histoire immédiate et ancienne de leur pays ? L'écrivain n'est-il pas le témoin privilégié de son époque ?

Je vous laisse en juger et je termine sur cette citation « Le monde meurt un peu chaque fois qu'un écrivain disparaît » E.B White.


Pour découvrir ou approfondir le talent d'Asli Erdogan vous pouvez vous procurer le livre qui regroupe 29 textes sous le titre « Le silence même n'est plus à toi » qui paraîtra en janvier 2017 aux éditions Actes Sud.

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