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Le Plan Juncker : On vous explique !

Pourquoi ce plan d’investissement ?

Depuis la crise économique et financière de 2008, l’état de l’investissement dans l’Union européenne est très faible, et la reprise, timide. En 2014, l’investissement privé était en baisse de 12,6 % par rapport à 2007 pour l’Union européenne.

L’investissement a été une des grandes victimes des politiques d’austérité engagées en Europe, en réponse à la crise. On peut débattre des résultats de ces politiques, mais on ne peut ignorer les conséquences : un faible investissement est synonyme d’accumulation de retard pour le futur. On pense notamment à l’investissement dans les énergies renouvelables, dans les infrastructures de santé, d’éducation, l’investissement dans la recherche également.

C’est en réponse à ce déficit que le Plan Juncker a été adopté par l’Union européenne. Le Plan Juncker, du nom du Président de la Commission européenne, est un plan d’investissement, opérationnel depuis septembre 2015, qui vise à relancer l’industrie en Europe. L’objectif final de ce plan est de mobiliser 315 milliards d’euros destinés à l’investissement, de 2015 à 2017. Mais d’où viennent ces 315 milliards d’euros ?

Initialement, le plan Juncker repose sur 21 milliards d’euros, dont 16 milliards issus du budget de l’Union européenne, et 5 milliards engagés par la Banque Européenne d’Investissement. Cette mise initiale de 21 milliards d’euros permet d’emprunter sur les marchés, et d’atteindre 63 milliards d’euros. Ensuite, c’est un « effet de levier » : des contributions publiques et privées, qui devraient, selon les projections, porter ce plan d’investissement à 315 milliards d’euros, au bout de 3 ans. Ces contributions peuvent être celles des Etats, à travers leurs institutions financières publiques de développement. Par exemple, l’Allemagne, la France et l’Italie, ont annoncé des contributions à hauteur de 8 milliards d’euros.

Pour mieux comprendre comment ce plan d’investissement fonctionne, focus sur un exemple de projet, découvert à l’occasion des Journées de l’économie, édition 2016, à Lyon.


Gingko : un fonds d’investissement porté par le Plan Juncker


A l’occasion d’une table ronde sur le plan Juncker, Bruno Farber, Directeur Général du fond d’investissement Gingko, est venu présenter sa société, et expliquer en quoi le Plan Juncker a été porteur et décisif pour le lancement du projet « Gingko ».

Gingko, c’est un fonds de dépollution de friches industrielles, permettant la revalorisation et la réhabilitation de ces terrains et la construction d’infrastructures tels que des logements.

Bruno Farber expliquait que pour lancer ce projet, il était nécessaire d’avoir un fonds propre, car il est difficilement envisageable de recevoir des aides des banques en tant que mise initiale.

C’est ce qu’a permis le recours à la Banque Européenne de l’Investissement : Bruno Farber parle d’un « effet d’entraînement ». Gingko a obtenu du plan Juncker 20% de l’argent recherché initialement, soit 30 millions d’euros. 30 millions d’euros sur lesquels la société a pu s’appuyer, 30 millions d’euros qui ont mis en confiance les autres potentiels investisseurs, comme des assurances, ou des fonds de pension.

Le rôle de la Banque Européenne d’Investissement, à travers le plan Juncker, est de prendre une partie du risque, pour rassurer et encourager à l’investissement. Et c’est pourquoi le plan Juncker est destiné aux projets qui peuvent être qualifiés de « capital risque ».

Aujourd’hui, ces 30 millions se sont transformés en 140 millions d’euros, réunis par 12 investisseurs qui soutiennent Gingko.

Le plan Juncker est une source d’argent, mais aussi un facteur de crédibilité, qui permet de répondre à la crise de confiance, qui paralyse l’Europe. Mais est-ce suffisant ?


Quelles limites ?


En 2015, le plan Juncker a permis à la Banque européenne d’investissement d’approuver 42 projets européens, à hauteur de 25 milliards d’euros d’investissement. La part que représente le plan Juncker pour l’investissement européen n’est pas négligeable, mais elle n’est pas suffisante : la productivité et la croissance européennes restent très faibles, et l’investissement en Europe aujourd’hui n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise. Les économistes sont réservés sur les bienfaits du plan Juncker, en l’absence d’une franche reprise de la croissance.

Ce besoin d’un fonds plus vaste est certainement la raison pour laquelle le Président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker, a proposé de doubler sa capacité, afin de viser 630 milliards d’euros d’investissement d’ici 2020. Un doublement du plan notamment soutenu par François Hollande et Matteo Renzi.

L’Union européenne a, dans une certaine mesure, pris l’initiative pour relancer la croissance européenne, mais ce plan d’investissement ne peut à lui seul renouer l’économie européenne avec une croissance durable. C’est maintenant aux Etats membres d’accompagner ce Plan par des réformes structurelles.

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