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1865 – 2018 : qu’est-ce qui a changé ?

Aux Etats-Unis, les termes « June » (juin) et « Nineteenth » (19è) forment ensemble le mot « Juneteenth » qui désigne la journée du 19 juin. Pourquoi existe-t-il un mot particulier pour désigner ce jour là ? Parce que le 19 juin représente le jour des célébrations et des commémorations de l’abolition de l’esclavage, aux Etats-Unis. Les Américains font aussi référence à cette journée en le nommant par « Freedom Day », ou bien encore « Emancipation Day ».


Un peu d’histoire…


Le 22 septembre 1862, pendant la Guerre de Sécession, le président Abraham Lincoln a prononcé la Proclamation d’émancipation, qui déclara libre tout esclave qui résidait sur le territoire de la Confédération (Etats du Sud), qui n’était pas sous contrôle de l’Union (Etats du Nord). Leur liberté devait être effective dès le 1er janvier 1863. Cependant, ce décret excluait quatre Etats qui n’étaient pas entrés en rébellion : le Kentucky, le Maryland, le Delaware et le Missouri. Il ne s’appliquait pas non plus au Tennessee, ni au sud de la Louisiane qui étaient des zones sous occupation de l’Union.


Le Texas n’était pas un territoire de conflit, et par conséquent, les esclaves ne pouvaient se réclamer de cette Proclamation d’émancipation, à moins de s’échapper de l’état. Ce n’est que trois ans plus tard, le 19 juin 1865, que le général des Etats de l’Union est arrivé à Galveston au Texas, et y a annoncé la fin de la Guerre de Sécession. Il a donc annoncé la remise en liberté immédiate des 250 000 esclaves présents sur le sol texan.



Depuis 1980, le 19 juin est un jour férié au Texas. Les commémorations du « Juneteenth » ne sont pas aussi larges que celle du « Independence Day », la fête nationale du 4 juillet. A ce jour, 46 des 50 états américains reconnaissent le 19 juin comme un jour férié ou au moins comme un jour de commémoration, car ce n’est pas un jour férié national. Le dernier Etat à avoir reconnu le « Juneteenth » est le New Hampshire, et ce depuis seulement cette année.

Les commémorations de ce jour historique sont diverses, de la lecture publique de la Proclamation d’Emancipation, au chant de chansons traditionnelles, ou encore de la lecture des écrits d’auteurs afro-américains, etc. Mais ce n’est pas tout ! Parce que le Texas reste le Texas, le « Juneteenth » est aussi célébré en organisant des rodéos, des défilés et des parades, etc.


Un écho troublant avec 2018


Quoi de plus paradoxal que de célébrer l’abolition de l’esclavage en ce 19 juin 2018 alors qu’on apprenait que depuis le mois d’avril le gouvernement Trump exigeait la séparation des enfants de leurs parents pour tous les immigrés clandestins venus d’Amérique latine entrant sur le sol américain ! Le journal américain The New Yorker s’interroge… au fond, même si l’époque n’est pas la même, même si les circonstances sont différentes, le traumatisme infligé aux enfants et aux familles est tout aussi douloureux et inacceptable que l’esclavage l’était en son temps. Donald Trump ne s’est évidemment pas privé de s’exprimer pour commémorer l’abolition de l’esclavage en ce 19 juin, mais les mots sonnaient faux. Célébrant ceux qui ont libéré les esclaves et faisant l’éloge de l’égalité entre tous, le président américain cachait difficilement toute l’irresponsabilité et la honte de son administration qui a accepté que des enfants soient séparés de leurs familles et que des enfants réfugiés soient détenus dans des cages. Il n’y a décidément aucune humanité chez ce président à célébrer l’égalité et la liberté tout en privant des êtres humains de leurs droits. Depuis l’annonce de cette politique de séparation il y a seulement six semaines, 2300 enfants ont été séparés de leurs parents, selon CNN.


Les révélations sur ce scandale font évidemment le tour des chaînes de télé américaines et des médias, et peu de personnalités politiques ne peuvent éviter le sujet. La chaîne Fox News, bien connue pour son soutien à l’administration Trump et pour sa propagation sans gêne de fake news a même été jusqu’à accuser ces enfants que l’on voit dans les vidéos, d’être des enfants-acteurs. Il est intolérable et révoltant de voir qu’une telle tragédie soit transformée en une petite bataille de partis politiques, les Républicains avec leur Président en première ligne accusant les Démocrates de refuser de voter la loi autorisant la construction d’un nouveau mur sur la frontière, pendant que des familles sont séparées et traumatisées à jamais.


De nombreuses entreprises américaines ont manifesté leur opposition à une telle politique. Les compagnies aériennes American Airlines, United Airlines et Frontier Airlines ont pressé l’administration Trump à signer un décret pour mettre fin à cette outrageuse politique et ont affirmé qu’aucun de ces enfants et de ces familles ne seraient transportés via leurs avions, ne souhaitant surtout pas tirer profit d’une telle tragédie. Les grandes entreprises américaines comme Apple, eBay, Uber ont-elles aussi dénoncé une politique immorale et inhumaine.


Le président Trump a finalement signé un décret pour mettre fin à cette politique de séparation des familles – mais le mal est fait. Et, quoi de plus révélateur que de constater que les Etats-Unis ont décidé cette semaine de quitter le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU ? Pour une fois, l’administration Trump est cohérente dans ses actions inhumaines. Une question demeure, de quel genre humain relève le 45è Président des Etats Unis ?

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